De l’utilité d’une politique culturelle fédérale
Article est paru dans Le Courrier du 15 octobre 2007
Quasiment absente des programmes des partis politiques, la culture a fait l’objet d’un débat qui s’est tenu le 12 octobre à Genève, soit peu avant les élections fédérales. Six candidats de droite comme de gauche ont détaillé leurs attentes en matière de culture. Presque tous ont tiré à boulets rouges sur la Loi sur l’encouragement à la culture.
Répondant à l’invitation du journal Le Courrier, six candidats aux Chambres fédérales ont débattu, vendredi 12 octobre à la Maison des associations de Genève, de la politique culturelle de la Confédération. L’occasion de croiser le fer sur un thème qu’ils étaient unanimes à déclarer absent de la campagne pour les élections fédérales. La discussion a surtout porté sur le projet de Loi sur l’encouragement à la culture (LEC), lequel est loin de satisfaire la plupart des formations représentées (socialistes, Verts, À Gauche toute !, PDC, libéraux et UDC).
Deux conceptions de l’État
Globalement, deux conceptions distinctes du rôle de l’État sont apparues. Si la gauche tient à ce que Berne soutienne la culture, la droite considère plutôt que cette dernière relève d’une compétence cantonale. L’UDC Yves Nidegger, peut-être le candidat le moins insatisfait par le projet de loi, estime même que la Confédération n’a pas à intervenir sauf exception, du fait de « l’absence d’une culture nationale » en Suisse. Rare compétence fédérale sur laquelle s’accordent des groupes opposés (socialiste, libéral et démocrate-chrétien), la défense de la culture maison à l’échelle internationale : selon les partis, la Confédération devrait favoriser son rayonnement en soutenant les institutions dites « d’intérêt national ».
« Déçue » par le projet de LEC, la gauche n’y trouve pas les réponses qu’elle attend. Ses différentes formations s’entendent pour réclamer une reconnaissance du « statut de l’artiste », l’accès à la culture et une meilleure diffusion. La socialiste Géraldine Savary déplore que la Confédération veuille « se débarrasser » de la culture, dans un transfert très malvenu des charges vers les cantons. Les Verts, par la voix de Fabienne Bugnon, perçoivent la culture comme un « droit » et l’une des « plus grandes forces d’intégration ». Ils aimeraient voir l’État fédéral s’investir davantage dans la promotion et dans la circulation intercantonale de la culture.
À Gauche toute ! insiste pour sa part sur le soutien à la création indépendante, Vera Figurek avançant que la culture « n’a pas à être accommodante ou agréable ». La conseillère municipale de la Ville de Genève dénonce dans le texte de la LEC « un projet de découragement à la culture », dépourvu des « vrais outils » que sont des budgets décents et des lieux propices à la création.
À la mode bernoise
Parmi les partis bourgeois, plusieurs spécificités se dessinent au-delà de la « subsidiarité », plus ou moins allégée, dans laquelle ils confinent la Confédération. Le libéral Pierre Weiss, déclarant « Ich bin ein Berner », souhaiterait un désenchevêtrement à la mode bernoise, puisque selon lui, le canton de Berne est un modèle en termes de répartition des charges. Il s’agirait de faire correspondre les compétences à l’ampleur de « l’intérêt » que présente l’offre. Compétence communale pour un intérêt local, compétence cantonale pour un intérêt cantonal, compétence régionale pour un intérêt supracantonal, etc. Le député au Grand Conseil concède finalement certaines prérogatives à la Confédération, entre autres encourager les artistes, la formation, et soutenir les « projets à visée nationale ».
Le démocrate-chrétien Guy Mettan est attaché aux « cultures populaires », dont il aimerait que Berne garantisse la pérennité. Il prône quant à lui une « subsidiarité active », qui interviendrait pour sauvegarder les patrimoines, faciliter les échanges intercantonaux ou soutenir le cinéma. L’UDC attend elle aussi un soutien fédéral au cinéma et corrobore la volonté démocrate-chrétienne d’une plus grande coordination au niveau national. Mais Yves Nidegger ne conçoit pas le besoin d’un « ministère » ou d’un « secrétariat d’État à la culture », contrairement à Guy Mettan.
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